I set the camera up
and tell my storyIf you want a happy ending, that depends, of course, on where you stop your story A un moment donné, tu ne sais pas trop ou ta vie a commencée. Tu bois un verre, un autre et puis un autre en te demander où tout a merdé. Tu fais le point et tu n’arrives à rien car l’alcool te donne la sensation que cela n’a plus aucunes importances. Mais ça, c’était au début. Ensuite tu bois car tu ne sens plus rien. Tu bois pour conserver cette sensation de ne plus rien ressentir. Tu regardes l’heure grimper et tu restes pourtant au bar ou à ta table.
Les minutes semblent des secondes. Tu t’écroules et au réveil, tu recommences. Tu ne penses même plus à ce qui fait de toi… un déchet de l’humanité. Dans le fond, tu as échoué à un moment donné. Tu le sais. Ce sont les sensations qu’un alcoolique ressent à chaque fois qu’il replonge. Des sensations que j’ai longuement ressenties. Je n’ai jamais arrêté de me battre contre un destin foireux. Pourtant tout semblait avoir bien commencé ! Non ? Peut-être pourriez-vous me dire quand tout à commencer à s’écrouler autour de moi ?
Et si je vous racontais mon histoire, cela serait un bon début. Il est logique de dire que tout commence à ma naissance mais en fait ? Il ne s’y était rien passé d’intéressant. Fils du PDG d’une entreprise de famille à Boston et d’une journaliste anglaise. J’étais chanceux. De l’argent. Une maison. Des jouets. Et encore… Le dernier était pendant l’enfance mon seul but dans la vie. J’avais grandie ainsi. Heureux. A mes 9 ans, maman avait mangé un bébé. Enfin elle me disait avoir un bébé dans le ventre. Je ne comprenais pas toujours cette logique. J’avais 10 ans et à l’époque ? On n’était pas aussi évolué. Non. Maintenant… on est limite prêt pour le tatouage à cet âge. Papa lui était souvent au travail mais présent tout de même.
Il n’avait pas mangé de bébé mais apparemment il avait planté des graines… Je ne savais même pas qu’il jardinait. M’enfin si ça l’amusait. Puis mon petit frère est né. Un bébé adorable avec de grands yeux. Comme les miens. Au début, franchement, je trouvais que ça puait et punaise… les crottes de multiples couleurs, non merci. Pourtant, je l’aimais bien qu’il en fasse du bruit. Pourquoi faire des bébés, mine de rien ? Cela ruine le sommeil. Mais petit à petit, je m’adaptais à l’idée d’être un grand-frère. C’était un peu tout… Peut-être qu’être un grand-frère est là ou tout à commencer ? Je ne crois pas.
Petit à petit, je passais à l’étape de l’adolescence. Je découvrais la sexualité. Les filles. Des courbes. Elles me semblaient tellement pareilles. Parfois insignifiante. Je n’étais pas un connard. Loin de là. Je respectais toutes mes petites amies avec respect. Sauf que je n’en avais aucunes. J’avais des amies… parfois proches, très proches mais des petites amies ? Non. Jusqu’au jour où je croisais son regard à la boutique de musique. Cette fille. Elle. Elle était spéciale. Elle ne me regardait pas. Me remarquait-elle simplement ?
Elle semblait dans son monde. Je ne faisais pas que la scruter bien sûr. J’ignorais si elle me rendait ses regards quand je détournais le mien. Peut-être. Peut-être pas. Bon dieu, je me sens sucre tout de même. Et puis de fils en aiguilles, on se croisait plus souvent. Elle était nouvelle dans le coin, même une employée de mon père. Je la croisais parfois au bureau, parfois même aux soirées à la maison et encore au lycée. C’est lors d’une soirée de l’entreprise que tout commença. Tout quoi ? Pour le moment rien du tout. Ses joues rosées, elle posait un regard timide en ma direction.
Je fis de même. L’approchant. Un sourire assez crispé. Allait-elle me renvoyer d’où je venais.
« Bonsoir, Lola ! », disais-je alors. Observant la demi-surprise sur son visage. Oui, je connaissais son prénom. Et cela engagea une première conversation. Comme vous voyez, nous sommes des adolescents, tout simplement. On n’allait pas faire des chichis pour un rien. Un clin d’œil. Et le premier contact était fait. Nous avons 15 ans donc quand tout commença. Au début, nous nous contentions donc de passer du temps ensemble à la boutique de musique, ensuite au lycée, ensuite par là et l’autre fois par là. Nous devenions presque inséparables mais l’un comme l’autre, nous nous tournions autour sans oser. Le voulais-je ? L’embrasser. Tellement. Mais je ne voulais pas non plus la faire fuir. Un jour, cela arriva. Peut-être naturellement mais tout de même nerveusement.
« Tu vas m’embrasser, idiot ? », avait-elle simplement dit avec humour avant que nous arrivions face à sa maison. J’avais souris.
« Tu es sûre de toi ? », demandais-je comme un abruti.
« Non, pas du tout… », dit-elle avec ironie, se moquant littéralement de moi. J’arquais un sourcil et je m’approchais. Je posais ma main sur sa douce joue, rapprochant alors mon visage pour lui offrir notre premier baiser. Peut-être même son premier baisé.
Je pouvais sentir sa nervosité au bout de mes doigts. Cette relation de deux adolescents se renforça alors au fil des mois. Deux années. Au début, on n’allait vraiment pas plus loin. J’avais attendu qu’elle se sente prête sans trop de mal. Le soir ou cela arrivait, nous étions prêts. Nous avions tout ce dont nous avions besoins, nous étions juste un couple. Et petit à petit, on découvrait une autre version de notre relation.
« Je t’aime », furent les mots que je lui avais prononcés.
Je fus le premier à les dire. Même si mes potes se moquaient littéralement de moi, j’en étais assez fière. Je ne voulais pas la traite comme une simple fille. Non. Elle était ma petite amie. J’y tenais bien trop ? Peut-être. Et cela semblait tellement parfait. Trop parfait. Elle était proche de mon petit frère, nous jouions toujours tous les trois à la maison. Une pomme cachée sous un drap. Des tours de magies assez foireux. Des rires. Des films. Des sourires. Nous étions les baby-sitters parfaits. Une relation d’adolescent qui pourtant arrivait à tourner au vinaigre. Qui a dit que nous ne nous disputions jamais ? Bien sûr que si. On avait tous les deux un petit caractère de cochon quand on le voulait. On se boudait parfois plus de 2 jours. Mais on se retrouvait comme si rien ne s’était passé.
On dit souvent qu’il ne faut jamais dire que tout est parfait sinon un truc va arriver. Et c’est arrivé. Mes parents étaient en voyage pour le boulot quand un crash a eu lieu. J’avais 16 ans, bientôt 17 ans quand cela nous frappait en plein cœur. Mes parents décédèrent sur le coup. N’ayant plus aucunes familles en Amérique à part des grands parents bien trop vieux pour s’occuper de mon petit frère, nous furent expatrié à Londres dans la famille de maman. Je me souviens encore du regard de Lola quand j’avais dû lui annoncer. Elle avait été si présente pour moi, si compréhensive. Et moi ? Je ne savais même pas comment je me sentais. Je ne savais même plus qui j’étais. Une part de moi était morte dans ce crash d’avion.
Peut-être n’aurais-je pas dû arrêter de me confier aux autres ? Arrêter d’être le jeune homme que j’allais devenir ? Je n’en savais rien. Je venais de perdre mes parents. Je venais de perdre ma petite amie. Tout ça en même pas 1 mois. Sur un coup de tête, je prenais la première fille qui passait. La voisine de mon oncle et je couchais avec. Le soir même. Était-ce mal ? Oui, je m’en voulais mais j’en avais ressenti le besoin même si c’était un besoin malsain. J’étais bourré. Oui, mes premiers verres. Pourtant je l’avais fait. Noyer ma tristesse dans l’alcool. C’était la première fois. Cela avait marché. Presque. Le lendemain, on reprenait des vies différentes. Je regrettais d’avoir bu. Je regrettais d’avoir couché avec elle. Je ne savais même pas ce qu’il m’avait pris. Je bossais dans un petit restaurant après les cours pour renflouer un peu mes économies. Je n’avais pas encore accès à mon héritage et je ne voulais rien devoir à mon oncle plus tard. Il était cool mais peu présent. Vous voyez, c’est un ministre donc ce n’était pas vraiment possible de pouvoir le voir sans une assistante. Trois mois après, je ne me serais sûrement pas attendue à voir cette gamine riche débarquer à notre porte. Depuis notre nuit torride, on ne s’était plus vraiment parlé.
« Je suis enceinte, connard ! », me disait-elle d’un ton rempli de rage. Et moi ? J’étais paumé. Oui, non seulement je n’avais même pas encore tourné la page sur la mort de mes parents et encore moins sur ma rupture avec Lola que me voilà futur papa. J’étais bien loin d’imaginer qu’à 5 semaines de plus, Lola était aussi enceinte.
« On va trouver une solution, on va arranger ça ensemble ! », disais-je d’un ton neutre mais l’on sentait bien qu’une pointe de panique se trouvait dans ma voix.
« Ah oui ? On est en retard pour l’avortement… donc la solution est soit de le garder, soit de l’abandonner… », disait-elle avec mépris. Mais oh… attends, elle pensait vraiment vouloir avorter ou l’abandonner ? J’étais peut-être qu’un adolescent mais je n’aurais jamais fait ça. J’avais des principes. J’ai des principes.
« Non, on va le garder. Il est hors de questions qu’un membre de ma famille disparaisse à nouveau. », lâchais-je alors. Offusqué ? Un peu.
« Epouses-moi ! », lâchais-je subitement.
« J’ai l’argent pour subvenir à nos besoins enfin… je vais l’avoir. Je suis un type bien. J’ai des plans d’avenir. Je m’y connais en bébé… j’ai pratiquement éduqué mon petit frère… alors épouses-moi ! », lui proposais-je en regrettant presque mes mots. Mais putain, je ne pourrais pas être un vrai connard de temps en temps ? Je sonnais tellement comme une guimauve que je me demandais ce qu’il me prenait. Non mais je suis sérieux ?
Je fronçais les sourcils en me massant les tempes. Je ne réalisais pas trop ce que je venais de faire mais de simples mots allaient totalement bouleverser ma vie à jamais. La goutte d’eau en trop dans mon vase ? Oui. Et on se mariait… même si elle refusait dans un premier temps, elle changea rapidement d’avis quand ses parents la forcèrent à accepter. Le regrettais-je ? Totalement. Je ne l’aimais pas et fort à parier qu’elle non plus. Nous devenions parents, époux avant même nos 18 ans. Une année après, j’adoptais légalement mon petit frère dès l’obtention de mon héritage.
« Alors maintenant tu vas être mon papa ? », demandait-il.
« Mais papa et maman vont revenir quand ? Je te jure, ça craint à Londres. Je veux rentrer à Boston. », demandait-il avec un sourire assez triste sur le visage. Je secouais la tête. Personne n’avait vraiment eu le courage de lui expliquer et il avait beau avoir 8 ans, il était quand même plus innocent que beaucoup d’enfants. Un côté rêveur, naïf. J’avais tenté de préserver ça car maman adorait ce côté chez lui mais le destin allait sûrement le changer ? Sûrement. Je me contentais de le regarder, tristement.
« On va rester ici pour le moment… Siem a besoin de son tonton ou son grand-frère, c’est toi qui vois ce que tu veux être et je dois aller à l’école ! C’est ici notre maison maintenant mais tu es le demi-chef responsable de la maison en mon absence. Il faut que tout se passe bien avant mon retour, promis ? », lui disais-je en finissant sur un ton très sérieux comme si c’était sa mission. Il riait doucement.
« Je vais essayer… mais je suis une demi-portion comme tu dis toujours ! », lâchait-il en faisant une moue enfantine.
« Je peux rien gérer contre ton amoureuse aux cheveux oranges. Lola, elle est où ? », et bim dans ta face Aaron. J’inspirais doucement.
« Lola et moi, on n’est plus amoureux ! », disais-je simplement avant de m’en aller pour les cours. Le droit à Oxford. On ne vivait pas trop loin pour me faciliter les trajets dans un appartement à trois chambres. Econome ? Je l’étais. On pouvait s’offrir plus grand. Je ne le voulais pas. L’entreprise de papa voulait que je fasse des études pour avoir plus de pouvoirs. Peut-être retourner aux États-Unis, un jour. Moi ? Je détestais cela. Je n’étais pas heureux. Ma demi-portion et Siem étaient mes seules raisons de vivre. Etais-ce suffisant ? L’alcool au pub du quartier était un bon refuge.
Cela serait mentir que de dire que je ne connaissais pas le manager comme l’on connait un frère. Il était devenu un ami, un très bon ami. Je retrouvais Lola le temps d’une balade devant l’entrée de Wordswoth Corporation à Boston. Elle était si belle. Je me rendais bien compte que mes sentiments étaient encore présents. Ils étaient encore là quand mon regard posé sur elle me faisait carrément oublier que j’étais bourré le jour avant. Ma migraine ? Pfff. Plus de gueules de bois que je vivais toujours assez mal. Cela me rendait même irritable en général mais là ? Non. Cependant ? J’étais marié et je sentais bien que cette nouvelle la blessait. Combien de temps après notre rupture ? 3 mois. Ce n’était pas de l’amour mais elle l’ignorait. Je ne voulais pas trop en dire. Le cœur lourd, nous retournions à nos vies. La revoir fut compliqué pour moi et ouvrait de vieilles blessures.
Ma fille grandissait. Mon frère devenait un adolescent. Lorsque Siem atteignait les 8 ans, ma femme disparaissait du jour au lendemain laissant une lettre à mon nom et une lettre au nom de sa fille ainsi qu’une seconde que je ne pouvais lui donner que plus tard. Je n’étais pas brisé. Non. Je ne l’aimais toujours pas mais je m’étais attaché à elle malgré tout. Elle a porté ma fille qui était devenue mon univers. Je ne savais pas vraiment comment je me sentais.
L’alcool étant une parfaite échappatoire. D’une échappatoire à une autre, j’étais l’un des avocats de Londres. Je faisais aussi quelques allers et retours avec Boston pour l’entreprise. Trop souvent, peut-être. Je sentais que je n’étais parfois pas assez présent pour ma fille et pour mon frère. Lui avait une petite amie enfin il ne s’en rendait peut-être pas compte mais moi si. Devoir porter des costumes me rendait mal à l’aise. Je ne me sentais pas bien dans cette tenue. Comme si j’étais prêt pour le carnaval ou halloween. Parfois les deux. L’alcool prenait une place de plus en plus importante, mon oncle me forçait à trouver une solution. Sans quoi je pourrais perdre toutes mes parts dans l’entreprise et peut-être toute ma fortune. Etais-ce ma priorité ? Non. Mais j’acceptais. Je stoppais d’être l’avocat sérieux que je pouvais être pour m’enrôler chez les pompiers. Un rêve de gamin. Par chance, j’avais été déjà un volontaire pendant mes années d’études à Oxford.
Maintenant j’étais professionnelle. Firefighter. Cela fait maintenant 8 années. Au début, tout se passait bien. J’avais sûrement réussie à éviter l’alcool pendant 3 mois mais ? Ce n’était que temporaire. Cela n’avait vraiment fonctionné que pour peu de temps. Peut-être ne le voulais-je pas assez fort ? Mon parrain le pensait. Il fallait que je le veuille vraiment. L’alcool était en moi, je ne pouvais rien y faire. Elle le sera toujours. Je ne disais rien dans un premier temps. Je tentais de le cacher aux enfants même si… Mon petit frère n’était plus un enfant.
« Tu bois toujours, je le sais… », Lâchait-il alors. Une dispute éclatât ce jour-là. Il ne comprenait pas. Je me comprenais mais je le comprenais aussi. C’est complexe, oui ? Peut-être. Mais la vie continuait mine de rien. Petit à petit, je tentais de calmer mes besoins d’alcool. Pour le boulot. Pour eux. Parfois, je perdais pieds et je finissais totalement bourré dans mon lit à pas d’heures. Le lendemain, j’allais éteindre des feux. 4 années. Cela durait 4 fichues années mais je me battais pour tenter de guérir. Parfois en vain. Et un soir suffit. Un soir ou le boulot m’appelait d’urgences. J’étais bourré.
Je n’aurais sûrement pas pu imaginer que l’une des personnes coincées dans cette boite de nuit sans avoir l’âge légal serait ma fille. Etais-je totalement aveugle pour ne pas me rendre compte de sa vie d’adolescente ? Je n’avais pas pu la sauver. Trop faible. Trop dépravé. Trop alcoolisé. Elle fut dans le coma pendant plusieurs semaines. Les pires semaines de ma vie. La perdre ? Je ne pouvais pas imaginer cela possible. Je n’avais pourtant aucuns contrôles là-dessus mais ce que je pouvais contrôler était comment cela nous changeait. Cela fait maintenant 4 ans depuis son réveil que je n’ai plus bu une seule goutte d’alcool. Je suis devenu un meilleur pompier. Bientôt chef de la caserne. Cela ne saurait tarder. Je bosse encore dans l’entreprise. Il y a 6 mois, un incendie a eu lieu à Nothing Hill dans un immeuble ou vivent la plupart des gens modestes. Un immeuble qui gâche la vue pour les riches de Londres. Mon beau-père fut payé par des personnes hautes placées pour éliminer ce bâtiment de la vue panoramique. Le faire bruler. Je fus l’un des pompiers à éteindre ce feu et en apprenant qui était le responsable suite à une enquête de ma part. Trouvant des papiers étranges dans le bureau de mon oncle pendant les fêtes de noël… Je ne saurais pas vraiment vous expliquer comment je me sentais. J’avais toujours eu une bonne image de mon oncle mais quand celui-ci a menacé ma fille si j’osais en parler… je coupais le pont avec cette partie de ma famille. Le dirais-je un jour ? Je n’en sais rien. Peut-être. Je suis un type bien. Je suis un alcoolique mais un type bien. Je ne ferais jamais de mal à autrui. Jamais. Et là ? Je me sentais impliqué dans la mort de dizaines de personnes qui pensent juste à une fuite de gaz. Je n’avais jamais cru à cette excuse bateau mais ? Je devais faire avec.
Cependant… le reste à venir ne présage rien de bon non plus.